La Première Ligne TGV du Canada est sur les Rails
By Looking 4
Summary
Topics Covered
- Alto: plus grand projet infrastructurel canadien
- Turbotrain: record vitesse maintenu 50 ans
- Canada seul G7 sans TGV opérationnel
- Alto dépasse tous TGV américains
Full Transcript
C'est un tournant majeur pour le Canada.
Le pays à la feuille d'érable va enfin construire son tout premier réseau ferroviaire à grande vitesse.
Ce projet à plusieurs dizaines de milliards de dollars, présente de nombreux avantages pour plusieurs provinces du pays.
Outre l'amélioration des transports et de la connectivité pour une grande partie de la population, ce nouveau réseau ferroviaire doit aussi donner un véritable coup de pouce à l'économie du pays.
La construction de cette nouvelle ligne est décrit comme le plus grand projet d'infrastructure de l'histoire du Canada.
Mais bien sûr, le projet est controversé et nous allons voir pourquoi juste après.
Aujourd'hui, je vous propose de vous présenter ce mégaprojet passionnant.
L'histoire fascinante des tentatives avortées de trains à grande vitesse au Canada et bien sûr, la manière dont ce nouveau projet pourrait révolutionner le pays.
De Toronto à Québec.
Le Canada a baptisé son projet de train à grande vitesse Alto du même nom que l'entreprise publique chargée du projet.
Celui ci a été annoncé par Justin Trudeau le 19 février dernier, soit environ un mois après l'annonce de sa démission en tant que Premier ministre.
Il s'agit de sa dernière initiative politique majeure, mais aussi de l'une des plus importantes.
Si les citoyens canadiens savaient depuis novembre 2022 qu'un projet de train à grande vitesse était à l'étude, ils n'en savaient pratiquement rien jusqu'à l'annonce de février 2025.
Ce jour là, Justin Trudeau qualifiait Alto comme le plus grand projets d'infrastructure de l'histoire du Canada.
Et ce n'était pas par sensationnalisme.
En effet, Alto doit comporter environ 1000 kilomètres de voies ferrées s'étendant de la ville de Québec à Toronto.
Cette partie du Canada, connue sous le nom de Corridor Québec Windsor, est la région la plus peuplée du pays.
Environ 18 millions de personnes vivent dans ce corridor et la ligne proposée desservira directement des villes où vivent actuellement 13 millions de personnes.
Les trains circuleront à une vitesse maximale de 300 kilomètres h, ce qui doublera presque la vitesse maximale du train le plus rapide actuellement au Canada.
Pour l'heure, les personnes souhaitant se rendre à Québec depuis Toronto doivent faire près de 8 h de route ou 9 h de train.
Mais Alto réduira considérablement ce temps de trajet en reliant les deux villes en seulement 3 h.
L'annonce du Premier ministre à la télévision était déjà passionnante pour des millions de Canadiens.
Mais c'est lorsque Trudeau a révélé le coût du projet qu'elle a suscité la plus grande attention.
Le gouvernement avait déjà engagé près de 4 milliards de dollars canadiens, soit environ 2,7 milliards de dollars américains, uniquement pour la phase d'étude et de planification.
Il a ensuite été révélé au grand public que l'ensemble du projet, dont la construction devrait prendre 4 à 5 ans, coûterait au final entre 80 et 120 milliards de dollars canadiens.
Aucun projet dans l'histoire du Canada n'a, ne serait ce qu'approcher un coût aussi astronomique.
Le détenteur du record actuel est également l'oeuvre du gouvernement Trudeau.
En 2018.
Le Canada a acheté l'oléoduc Trainspotting à l'entreprise Kingdom Organa pour la somme de 4,5 milliards de dollars canadiens, puis s'est lancé ensuite dans un projet d'expansion toujours en cours, qui aura coûté au total 34 milliards de dollars.
Un projet fortement controversé, qu'il s'agisse des inquiétudes sur son impact environnemental, des préoccupations relatives aux droits des populations autochtones ou même de la légalité du projet.
Et c'est dans le sillage de cette controverse nationale qu'elle a été annoncée.
Un projet qui, dès le départ, a été prévu avec un budget 2 à 3 fois supérieur.
Inutile de dire que cela a provoqué l'inquiétude de nombreux contribuables.
Et pour une partie de la population, cela reste un effort nécessaire pour faire avancer le pays.
Alto est planifié pour desservir cette grande ville du corridor Québec Windsor.
Du Nord au sud, la ligne desservira Québec, Trois-Rivières, Laval, Montréal, Ottawa, Peterborough et enfin Toronto.
Sur les six trajets entre ces gares, quatre devraient être plus rapides que l'avion si l'on considère le temps total du trajet et comparé à la voiture au train actuel.
Les nouveaux temps de trajet seront divisés par deux ou même par trois afin d'éviter les retards et d'améliorer la fiabilité du réseau.
Les voies dédiées aux passagers seront complètement séparées des voies dédiées au fret.
Quant au plan d'aménagement spécifique des différentes gares desservies, ceci n'a pas encore été dévoilé, mais les grands centres urbains comme Toronto et Montréal seront susceptibles d'utiliser les gares déjà en place.
La gare Union de Toronto fait actuellement l'objet d'un vaste projet d'amélioration.
Il est donc fort probable qu'elle tôt utilise cette gare le long de son parcours d'un millier de kilomètres.
Une étude de l'Institut Célio a montré que sur 60 ans, la ligne ferroviaire pourrait générer entre quinze et 27 milliards de dollars de retombées pour les citoyens de la région et que le nombre de personnes desservie par la ligne ferroviaire à grande vitesse pourrait éventuellement atteindre plus de 43 millions.
Mais nombreux sont ceux qui hésitent encore à croire en ce nouveau projet.
Et quand on regarde l'histoire du train à grande vitesse au Canada, on peut comprendre pourquoi les premières tentatives de trains à grande vitesse au Canada remontent aux années 60.
A l'époque, la Compagnie nationale des chemins de fer canadiens met en service le turbo train construit aux États-Unis.
Ces trains dotés de turbines à combustion étaient très rapides pour l'époque.
Lors d'un essai effectué en 1967 dans le New Jersey, le turbo train a atteint une vitesse de 274 kilomètres h.
Mais lors d'un essai ultérieur effectué au Canada en 1976, le train n'a atteint qu'une vitesse maximale de 225 kilomètres h.
Et ce n'est pas le seul problème auquel le train a dû faire face au Canada.
Outre sa consommation excessive de carburant, le turbo train devait partager les mêmes voies que les trains de marchandises, ce qui causait de nombreux retards.
Les journalistes canadiens n'ont pas non plus apprécié l'expérience du turbo train, évoquant des secousses brutales dans les virages et un bruit excessif.
Pour éviter ces nuisances, la vitesse sera abaissée à 160 kilomètres h et son épanouissement sur les lignes canadiennes aura été de courte durée.
Quatorze ans seulement après son lancement officiel en 1968, le turbo train est abandonné.
Peu de gens se serait attendu à ce que les années 60 soient l'apogée du transport à grande vitesse au Canada.
Mais étonnamment, le turbo train détient encore aujourd'hui le record de vitesse ferroviaire nationale, et ce, près de 50 ans après qu'il ait été établi.
Au cours des décennies qui ont suivi, de nombreuses études ont démontré les impacts bénéfiques que pourrait avoir un train à grande vitesse sur les régions les plus peuplées du Canada.
De nombreux hommes politiques en ont même fait leur cheval de bataille.
Mais alors que le monde entrait dans le XXIᵉ siècle et que d'autres pays européens commençaient à développer leur réseau ferroviaire à grande vitesse, le Canada demeurait toujours absent.
En 2003, lorsque le Royaume-Uni a inauguré la ligne Hsin qui passait par le tunnel sous la Manche, le Canada est devenu le seul pays du G7 à ne pas disposer d'un train à grande vitesse.
Même les États-Unis, un pays souvent critiqué pour l'insuffisance de ses transports publics, abritent le train le plus rapide du continent, placé là, qui transporte chaque année des millions de passagers de Boston à Washington à une vitesse maximale de 240 kilomètres h.
Le train le plus rapide du Canada, quant à lui, n'atteint que 160 kilomètres h.
Ce n'est qu'en 2021 que l'entreprise de construction l'East Dawn, basée dans l'Ontario, a annoncé un partenariat avec la Société d'infrastructure américaine Icon pour construire une ligne à grande vitesse entre Calgary et Edmonton.
Coût estimé du projet 9 milliards de dollars canadiens.
Le trajet n'étant que de 3 h en bus, ce projet n'avait pas autant d'intérêt que le taux qui vise une transformation à grande échelle.
Mais c'était déjà un début.
Ce qui est surprenant dans ce projet, c'était la vitesse étonnamment élevée proposée du train en service commercial 402 kilomètres h.
Le projet a été baptisé Prairie Link et a marqué la première étape tangible vers un train à grande vitesse au Canada.
Cependant, celui ci s'est heurté à un certain nombre d'obstacles, notamment le fait que 100 % de son financement devrait provenir du secteur privé.
En 2014, l'Assemblée législative de l'Alberta a publié un rapport déclarant que le gouvernement ne devrait pas investir dans un nouveau système de transport ferroviaire.
Et à l'heure de la publication de cette vidéo, Link en est toujours à la phase d'étude.
Bien qu'un budget de 9 millions de dollars ait été alloué en avril 2024 pour une étude approfondie qui espère faire approuver la ligne d'ici la fin de l'été, il est donc possible que Pierre et Link finissent par être construits.
Mais la réalité est que ce projet et les décennies qui l'ont précédé ont rendu les citoyens canadiens suspicieux quant à la perspective d'emprunter un jour un train à grande vitesse dans leur pays.
Tout comme en ligne que le projet ALTO suscitait également un grand scepticisme à l'échelle du pays.
S'agira t il d'un nouveau chapitre frustrant dans l'histoire ferroviaire du Canada ?
Nul ne le sait pour l'instant.
Mais il y a aussi des raisons d'espérer.
En effet, le projet est soutenu par un grand consortium international nommé Cadence, qui rassemble l'expertise de plusieurs entreprises de premier ordre au Canada mais aussi en Europe.
De plus, contrairement à d'autres projets antérieurs, Alto est une entreprise d'État financée par le gouvernement fédéral.
C'est pourquoi Justin Trudeau l'a annoncé avec assurance à la télévision nationale.
Il convient également de considérer l'intérêt de la population canadienne pour ce projet.
Le soutien aux infrastructures moins polluantes est important au Canada et même si certains projets récents, comme celui de l'oléoduc, peuvent susciter la controverse, un consensus semble émerger sur le fait que l'alto est une bonne idée et qu'il aurait un impact extrêmement positif sur la vie des Canadiens.
Actuellement, la majeure partie des déplacements au Canada se fait par la route ou par l'avion.
La concrétisation d'alto pourrait donc redorer l'image du pays à la feuille d'érable.
Le Canada rejoindrait non seulement les autres pays du G7, mais entrerait immédiatement dans la course puisque Alto deviendrait le train le plus rapide du continent américain, surpassant la cela de plusieurs dizaines de kilomètres h.
La rapidité des trajets entre les villes de la région la plus peuplée du Canada pour stimuler fortement l'économie locale et même nationale, en boostant le tourisme et les liens commerciaux.
Si Alto parvient à voir le jour, de nombreuses grandes villes du corridor pourrait assister à une forte croissance, y compris celles qui sont déjà en ébullition comme Toronto.
Mais la réalité est que la construction n'a pas encore commencé.
Le budget pourrait encore grimper.
Les gouvernements changent et les priorités évoluent.
Ce projet est donc encore loin de se concrétiser.
Mais s'il aboutit, il s'agira de loin du plus grand bond en avant dans l'histoire du train à grande vitesse au Canada.
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